Violences de l'échec et Paradoxes de la réussite

Craindre d’échouer, vouloir réussir…. Parfois les choses ne sont pas si simples.

Échecs et réussites constituent des évènements biographiques marquants, qui sollicitent souvent des sentiments contradictoires : entre envie et désillusion, honte et fierté, gratification et frustration, ambitions et désenchantement.

Nos sociétés diffusent l’injonction de réussir sa vie dans la conquête de l’autonomie, la valorisation de la compétition, la performance dans tous les registres de l’existence (scolaire, professionnel, cognitif, physique, sexuel, affectif…) Chaque individu est renvoyé à lui-même pour produire son existence. Comme si ses échecs et ses réussites ne dépendaient que de lui. Le moi de chaque individu est devenue un capital qu’il doit faire fructifier. La quête de l’excellence est un moteur essentiel des destinées individuelles. Si l’excellence consiste à être « hors du commun », que devient notre monde commun ?

Que signifie réussir ou rater sa vie ? S’agit-il de répondre au projet parental, aux idéaux de la famille, aux valeurs du milieu social, aux normes des institutions comme l’école, la religion, l’entreprise ? Sur quels serments et quelles expériences s’enracinent l’ambition ? Quelles sont les sources du désir de réussir et de la peur d’échouer ? Comment se construisent et s’incorporent les modèlent de réussite et d’échec ? En quoi les situations honorifiques ou les humiliations publiques influencent les façons d’être au monde et particulièrement le rapport au pouvoir, à l’argent, à la vie sociale ? Comment comprendre les paradoxes qui conduisent à vivre des récompenses dans la honte et la culpabilité, et des échecs comme salutaires et justifiés ?